Si la privation de mouvement et d’autonomie des détenus est une réalité visible, celle de la perte de maîtrise du temps l’est moins, mais est intrinsèquement liée aux fondements même de la peine. La prison, en tant qu’organisation sociale, impose un temps qui interdit toute appropriation subjective. Le rythme est imposé et par la peine, le temps devient un « temps à tuer » et dans lequel les détenus doivent s’adapter. Il ne se maîtrise plus, ne devient plus objet de réflexion et se transforme en une « entité malléable » que l’on peut calculer, découper, évaluer. L’incarcération devient l’expérience d’un temps subi et est l’une des caractéristiques des institutions totales telles que décrites par Goffman.
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Plus : Lauriane Constanty ; Infoprisons ; novembre 2019: Le temps de l’incertitude carcérale