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Prison et addictions: regarder, apprendre et se tourner vers l’avenir

Les recherches récentes en matière d’addiction tendent à montrer que celle-ci a une composante éminemment relationnelle: il est fondamental de dépasser une conception purement pathologique et d’examiner de manière dynamique l’environnement relationnel et social des personnes concernées. Nous avons appris que pour être efficace, il faut le faire au rythme de la personne et s’inscrire dans une posture de non-jugement. On comprendra que dans des situations pénales spécifiques, par exemple de dealers-consommateurs, l’enfermement en tant que seul moyen pour parvenir à des objectifs de changement ou d’amélioration, semble limité. Il s’agit d’un constat partagé par de nombreux professionnels, qu’ils proviennent du milieu associatif, institutionnel et académique, ou encore par les personnes concernées ayant une expérience du milieu carcéral. Dans le cadre d’un mandat de recherche effectué par le GREA, un policier romand déclarait précisément au sujet des dealers-consommateurs: « Purger une peine de x années et puis ressortir pour recommencer de plus belle, parce que finalement le problème ne sera pas résolu, et que malheureusement la prison c’est quand même l’école du crime (…) c’est un non-sens ». L’affirmation fait écho aux réflexions de Foucault sur le pénitencier comme « fabrique de délinquants » d’il y a tantôt cinquante ans. 

Toutefois, ce type de constats issus d’acteurs du terrain ne doivent pas susciter ni fatalisme ni morosité. Bien au contraire, elles sont révélatrices de l’importance d’une réflexion conjointe et interdisciplinaire, dans une perspective de droits humains, entre des acteurs de divers champs. Les crises et les ruptures peuvent représenter aussi des opportunités de changement. Par ailleurs, le droit à la santé des personnes sous main de justice doivent rester équivalent aux autres citoyens. Il est donc impératif de créer des espaces de discussion et d’observation, critique et ouvert, qui nous permettent ensemble de construire des alternatives, à travers la mutualisation de connaissances et expériences, ce que permet le Groupe Infoprisons

Avec la politique des quatre piliers, la Suisse a initié des projets intéressants dans le domaine carcéral, aussi bien en matière de réduction des risques, qu’en matière de réinsertion. En favorisant l’échange entre les partenaires pour trouver des solutions qui répondent aux besoins de tous, nous pouvons améliorer le fonctionnement du système. Les chantiers sont nombreux: utilisation des médicaments psychotropes, adaptation d’exécution des peines et mesures, meilleure interface avec les partenaires du réseau addiction, gestion des écrans, etc. Alors que les consommateurs de substance et les personnes condamnées par la LStup sont nombreux en milieu carcéral, cet axe de travail est prioritaire. Par son travail indispensable et ses apports toujours utiles, Infoprisons contribue à créer les conditions d’un débat entre toutes les parties et donne l’opportunité à chacun de prendre la distance critique nécessaire à une amélioration constante du dispositif. Longue vie à Infoprisons!