Interrogé sur le rôle du psychiatre, aussi bien en tant qu’expert dans les procédures pénales qu’en tant que thérapeute dans l’exécution d’une mesure, le Dr Bruno Gravier, chef du Service de médecine et psychiatrie pénitentiaires vaudois estime qu’il faut relativiser le pouvoir des experts en matière de pronostic. A l’origine, le psychiatre devait se prononcer sur la responsabilité pénale de l’inculpé alors qu’aujourd’hui c’est l’évaluation de la dangerosité qui domine, et cela « relève de l’art divinatoire et non d’une démarche scientifique valide ». Quant aux mesures thérapeutiques imposées par jugement (art. 59 CP), elles sont « le plus souvent utilisées dans une perspective de contrôle social plutôt que de réhabilitation ». Dans ce cas, « Il vaut mieux revenir à un droit qui sanctionne l’acte en tant que tel et non pas les potentialités criminelles futures de celui qui a commis cet acte ».
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Plus : Fati Mansour, interview de B. Gravier, Le Temps, 12.06.17, « Le crime n’est pas une maladie »